Underground

La grande exposition thématique de la saison estivale sera consacrée à la Beat Generation et au mouvement Underground, mouvements artistiques franco-américains qui revendiquent l’héritage de Rimbaud, d’Apollinaire, de Dada et des Surréalistes et auxquels le Perche est lié par la présence historique d’artistes qui en sont issus sur son territoire. Piero Heliczer (1937-1993), poète et cinéaste italo-américain et co-fondateur du Velvet Underground, et Friedensreich Hundertwasser (1928-2000), peintre et architecte viennois, précurseur de l’écologie, sans oublier Jack Kerouac d’ascendance percheronne par sa mère.

Bernard Plossu | Le voyage mexicain

C’est un témoignage optimiste de la Beat Generation, une rupture dans l’histoire de la photographie avec des cadrages à l’opposé de la tradition française, des images qui nous en disent autant sur le photographe que sur le pays traversé. La critique fut enthousiaste à la sortie de ce petit livre en 1979, et son auteur fut qualifié de « Robert Frank heureux ». Dans sa mémorable préface Denis Roche explique ce qu’est la liberté de la photographie qui permet qu’un savoir et une esthétique soient mystérieusement spontanés comme chez Bernard Plossu.

© Bernard Plossu

David Wojnarowicz | Rimbaud in NY

© David Wojnarowicz

Dans les années 1980-1990, David Wojnarowicz est l’une des figures les plus emblématiques de l’East Village (proche de Peter Hujar, Keith Haring ou Nan Goldin). Photographe, peintre, écrivain et performeur américain, homosexuel, militant ACT UP et farouche critique de la société américaine, David Wojanarowicz mourra du SIDA à l’âge de 37 ans le 22 juillet 1992, laissant derrière lui une oeuvre protéiforme d’une intensité rare et toujours désespérément actuelle. Utilisant la figure du poète maudit comme moyen d’intervenir dans la réalité, il raconte sa propre vie et sa relation affective avec la ville de New York à la fin des années 1970.

L’artiste fait le portrait de plusieurs amis portant un masque grandeur nature du poète français, assumant ainsi son identité et soulignant les parallèles dans leurs vies : violence subie dans leur jeunesse, sentiment d’être privé de liberté, désir de vivre loin du milieu bourgeois. Wojnarowicz confronte le temps historique du poète symboliste au présent de l’artiste.

David Wojnarowicz & Marion Scemama

© Marion Scemama

Dans les années 1980-1990, la photojournaliste et réalisatrice Marion Scemama s’est immergée dans l’underground de la scène artistique new yorkaise dans ses ramifications les plus radicales.
En 2019, dans le sillage de la première rétrospective en Europe de David Wojnarowicz au Mudam, Marion Scemama lui consacre avec François Pain le film/essai Self-Portrait in 23 Rounds : A Chapter in David Wojnarowicz’s Life (1989-1991).

François Pain

© Harold Chapman

François Pain est réalisateur et auteur de nombreux films liés aux expériences de psychiatrie alternative. Grand complice de Félix Guattari, il a travaillé durant sept ans à la clinique de La Borde. Il a filmé de nombreux acteurs de la Beat Generation en performances et lectures et son travail a fait partie de l’exposition digitale « Beat Generation » présentée par le Centre Pompidou.

Il présentera au Moulin Blanchard des lectures à voix haute de Ginsberg, Burroughs…

Harold Chapman | Beat Hotel

© Harold Chapman

Dans les années 50 et 60, le photographe Harold Chapman, décédé à l’âge de 95 ans en 2022, a tenu en images, dans un magnifique noir et blanc, la chronique des habitants du « Beat Hotel » à Paris. Après une rencontre fortuite avec le photographe John Deakin à Soho, Londres, au milieu des années 50, où il documentait le jazz, Chapman s’installe à Paris en 1956 et habite au 9 rue Gîtle-Coeur, l’hôtel du quartier latin de la ville, quartier qui devient l’une des destinations préférées des écrivains Beat. Il y documente le quotidien de William S Burroughs, Gregory Corso, Allen Ginsberg, Piero Heliczer et bien d’autres. Son oeuvre est un indispensable témoignage de ce que fut la Beat Generation, mouvement franco-américain s’il en fût.

Thierry Alonso Gravleur | Portraits

Basquiat © Thierry Alonso Gravleur

Thierry Alonso, dit Gravleur, artiste du territoire, a été retrouvé décédé en 2021 dans sa chambre à 55 ans. Il laisse une oeuvre magistrale, douloureuse et dérangeante. Combien a-t-il produit de dessins, de tableaux, de sculptures ? On pense des centaines, peut-être plusieurs milliers, dont un grand nombre probablement détruits ou perdus. Un jour de 1999, pourtant, un passant se fige devant la vitrine de la Connoisseur’s Gallery, où l’un de ses grands formats est exposé. Il entre et achète six de ses oeuvres. C’est le début d’une surprenante amitié entre Johnny Depp et Thierry Alonso, auquel l’acteur consacrera, à Los Angeles, en 2006, une exposition, et un film réalisé par Richard Carroll. Kevin Bacon collectionne aussi ses oeuvres, et l’écrivain Nick Toshes devient l’un de ses plus fidèles soutiens.

Thierry Alonso Gravleur a consacré son art à l’exploration de la figure humaine. Sa palette réduite aux couleurs essentielles (noir, blanc, bistre), au trait vigoureux, il saisit le secret insondable du visage. De profil ou de face, les multiples variations de la tête humaine – construite par strates – démontrent que le thème ne peut être épuisé. Aucune narration. Excepté un travail constant sur le regard devenu expression singulière qui nous convoque à un face à face silencieux mais fébrile. Ses portraits en grand format, entre autres de Basquiat ou de Burroughs qu’il n’a jamais rencontrés, impressionnent par leur puissance.

Pascal Barrier | L’Underground dans le Perche

© Pascal Barrier

Photographe bien connu des Percherons, homme au regard affuté, Pascal Barrier a été le témoin de la présence de Piero Heliczer et de Friedensreich Hundertwasser à Perche en Nocé. Pris dans les années 80, ses magnifiques clichés en noir et blanc témoignent de la force d’une personnalité hors-normes.